ouest france dimanche - 19-07-2020

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PHOTO : CLAUDIA NOLLIAC La cathédrale de Nantes a été victime hier d’un incendie, le grand orgue a été détruit par les flammes. Pages 2 à 5 Nos pages spéciales Cathédrale de Nantes : un drame et des questions Une 1,20 € n° 1172 du 19 juillet 2020 Justice et Liberté actualités le magazine Edition France

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Page 1: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

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La cathédrale de Nantes a été victime hier d’un incendie, le grand orgue a été détruit par les flammes. Pages 2 à 5

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CathédraledeNantes :un drame et des questions

Une

1,20 €n° 1172 du 19 juillet 2020

Justice et Liberté

actualités le magazine

Edition France

Page 2: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

Le feu a été rapidement éteint par 120 pompiers.

détrempé d’eau, des débris carboni-sés jonchent le sol. Seules quelquesbarres encore dressées de la structu-re témoignent de l’existence de l’ins-trument, qui a joué ses premièresnotes en 1619.

« Pas de trace d’effraction »

« On n’est pas dans un scénarioNotre-Dame de Paris, ni de l’incen-die de 1972 ou de la cathédraleSaint-Donatien à Nantes en 2015 »,tempère Laurent Ferlay, contrôleurgénéral des pompiers en Loire-Atlan-tique, « La toiture n’est pas tou-chée ». Complètement détruite lorsd’un premier incendie le 28 janvier1972, la charpente de bois a été refai-te en armature béton. Au pied de l’édi-fice, Valérie Goudard, conservatricerégionale des monuments historiqueà la DRAC Pays de la Loire, dresse lebilan. « En plus de l’orgue, le tableauSaint-Clair guérissant les aveugles,de l’artiste Hippolyte Flandrin a étédétruit. Un autre représentant lacathédrale en feu a été sauvé. Ils ontété très rapides, on n’a pas eu àdéclencher le plan de sortie desœuvres ». Un des fleurons à l’avant dela cathédrale a été abîmé par l’inter-vention et décroché pour éviter sachute. Autre inquiet sur le parvis, ledirecteur de l’entreprise Lefebre quirestaure la cathédrale depuis 25 ans.« Des travaux de restauration étaienten cours sur le chevet et la restaura-tion des baies, rassure-t-il, pas ducôté de l’orgue donc ».

Sur le parvis désormais fermé aupublic, trois heures après le début del’incendie, le procureur de la républi-que, Pierre Sennès dévoile de pre-miers éléments. Une enquête estouverte pour « incendie volontaire »et confiée à la police judiciaire de

Nantes. « Un expert est envoyédepuis Paris pour examiner lesdéparts de feu et l’installation élec-trique », souligne le procureur quiévoque « l’hypothèse criminelle ».Pour lui, trois départs de feu si éloi-gnés « ce n’est pas le fruit du

hasard ». Les enquêteurs et les pom-piers n’ont relevé aucun signed’effraction sur les ouvertures de cebâtiment fermé à clé chaque soir« selon une procédure très stricte »selon le recteur de la cathédrale.Aucune des six portes qui permettentd’accéder au bâtiment de l’extérieurn’a été fracturée.

La piste accidentelle n’est pas défi-nitivement balayée pour autant.« L’incendie pourrait aussi être lié àune défaillance électrique » faitsavoir une source proche de l’enquê-te. Les trois foyers seraient situés auniveau des consoles des orgues et dusystème d’alimentation électriquegénéral. Ils pourraient « être liés danscette défaillance électrique ». Unehypothèse réfutée par certains, com-me Nicolas Toussaint, le facteurd’orgue, encore ému, qui entretientl’instrument depuis vingt ans. « Rienque sur le grand orgue, il y a quatreniveaux de sécurité électrique. C’estquasi impossible ». L’installationélectrique, surveillée de près, avaitété vérifiée début 2020. Les enquê-teurs de la police judiciaire ne man-queront pas d’étudier les images desnombreuses caméras de vidéosur-veillance du centre-ville. Tout le mon-de est suspendu aux conclusions del’expert en incendie venu de Paris. Laconfirmation d’un feu d’origine crimi-nelle donnerait à ce drame une toutautre dimension.

Julie ECHARD.

La cathédrale de Nantes meurtrieLes appels des riverains pleuvent surle 18, hier, à 7 h 45. Un violent incen-die vient de se déclarer dans la cathé-drale Saint-Pierre et Saint-Paul deNantes. Les flammes dévorent legrand orgue et une fumée noires’échappe à travers ce qu’il reste de laverrière. Dans le même trait de temps,éloignés à presque 70 m du premierfoyer, deux autres feux démarrent.L’un, au niveau de la console d’unpetit orgue, appelé l’orgue de chœur,à gauche de l’hôtel. L’autre, dans lesstalles et sur le panneau électriquegénéral à droite de l’autel.

Les pompiers interviennent vite.Une première équipe pénètre dans lacathédrale par une porte latérale, àgauche de l’édifice. Ils s’engouffrentdans un escalier en colimaçon, noyésdans la fumée. C’est le seul qui per-met d’accéder à l’orgue. À l’intérieurpèse « une atmosphère de plomb,confie un pompier, on a tout de suiteidentifié le foyer principal au niveaude l’orgue, les galeries étaient com-plètement enfumées ». Sur le parvis,une autre équipe accède aux flam-mes par l’extérieur à l’aide d’unenacelle. Au total, en quelques minu-tes, 120 pompiers se mettent enaction, sous les regards médusésdes passants et habitants du quartier,à peine réveillés. Comme un mauvaisrêve, souvenir d’un précédent incen-die très ancré dans l’histoire localequi avait ravagé la toiture de la cathé-drale en 1972.

Pas un « scénarioNotre-Dame de Paris »

Les combattants du feu viennent àbout du brasier vers 10 h 45. Le grandorgue, complètement détruit, n’aurapas résisté aux 800 degrés du cœurde l’incendie. Sur le carrelage

Un très violent incendie a dévasté l’orgue de la cathédrale Saint-Pierreet Saint-Paul de Nantes, vers 7 h 45, hier. La piste criminelle est privilégiée.

Infographie : Ouest-FranceLég nde

Prrééffecture

Cours Saint-Pierre

PlaceFoch

Cours Saint-AndréRue

Sully

Ruede

Strasbourg

Quai Ceineray

RueHenri-IV

Rue Gambetta

RueJo

ffre

Vers 7 h 45, des riverainsalertent les secours.Premier départ de feu auniveau du grand orgue

Deux autres départs de feuont été repérés au niveaude l'autel

L'événement

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| PHOTO : JÉRÔME FOUQUET, OUEST-FRANCE

par un violent incendie

Elle arrive un peu en avance. Cesamedi matin, Berthe apporte le textequi devait être lu à l’office religieux de9 h. Mais sur la place Saint-Pierre, à8 h 30, cette Nantaise de 84 ans nepeut pénétrer dans la cathédraleSaint-Pierre et Saint-Paul. Devant elle,des flammes s’échappent encore del’édifice religieux. Les yeux embru-més, elle répète sa « grande tristes-se ». Trois fois. Puis se met à lire unedes prières enregistrées sur son télé-phone portable. « Une grande tris-tesse » partagée dans les mêmes ter-mes par François Renaud, l’adminis-trateur du diocèse, qui a appris lanouvelle par des voisins.

Pompiers, photoset applaudissements

Le père Hubert Champenois, quihabite le presbytère tout proche, est àl’unisson. Lui l’a appris dès 7 h 45.« J’allais chercher mon pain. » Danssa bouche, les mêmes mots de « tris-tesse ». Et le souvenir encore vivacede l’incendie de 1972, qui avait ravagéla cathédrale. Derrière lui, dans lalumière, la façade continue de fumer.Et les curieux, d’affluer. Patrick Leray,de l’association Nantes Renaissancepartage aussi « son émotion ». Et seremémore le drame de 1972, lui aussi.« Je l’avais vu brûler depuis le som-

deux autres Nantais, qui se lèvent toutjuste, et projettent de trouver un petit-déjeuner dans le coin.

Un peu plus loin, une famille voisinese prend en photo. Derrière eux, lesgyrophares tournent encore à plein.« Notre petit garçon est fan de pom-piers. » C’est effectivement le bonendroit pour en croiser ce samedimatin. « Mais on pensait qu’il y auraitplus de monde », s’étonne la petitefamille, qui arrive dos à l’édifice. Del’autre côté de la place, juste devant lafaçade, ils sont pourtant plusieursdizaines à se presser, pour prendredes photos. À intervalles réguliers, lafoule massée dans les rues ou auxbalcons applaudit les pompiers, quirejoignent les lieux du sinistre ou lequitte.

« Depuis ce matin, on est au spec-tacle », déplore Théa, de l’épicerie biovoisine. Mais « la journée va être lon-gue », car sa boutique se trouve dumauvais côté du cordon de sécurité.Aucun client ne peut s’approcher.« D’habitude, on a beaucoup de tou-ristes ici. Après le Covid-19, ce n’estvraiment pas une bonne année. »Cinq ans qu’elle travaille ici, avec vueimprenable sur le monument.« Quand j’ai appris ça dans le bus, çam’a fait mal au cœur. »

M. G.

met d’une maison, à quatre kilomè-tres de là. »

Souvent, une question revient audétour des rues : accident ou acte cri-minel ? Charge à l’enquête de ledéterminer. En attendant, Cyrielleprend le temps de rassurer son fils.

De passage à Nantes pour la journée,la petite famille devait découvrir lemonument, ainsi que le Château desDucs, avant de regagner Paris.« Après l’incendie de Notre-Damede Paris, ça fait bizarre. » Eux ontentendu ça aux infos. Tout comme

Des Nantais, émus, en observant hier l’incendie de la cathédrale Saint-Pierreet Saint-Paul, au cœur de Nantes. | PHOTO : STEPHANE MAHE, REUTERS

Immense tristesse aux abords de la cathédrale

Le nouveau Premier ministre JeanCastex a fait le voyage à Nantes. Et iln’était pas seul, puisque ses ministresde la Culture, Roselyne Bachelot, etde l’Intérieur et des Cultes, GéraldDarmanin, étaient à ses côtés, hieraprès-midi. Ce dernier, accusé deviol, était d’ailleurs attendu par quel-ques manifestants, opposés à sanomination récente.

Après avoir visité la cathédrale deNantes, durement touchée par lesflammes, le cortège a ensuite pu ren-contrer les pompiers mobilisésdepuis le matin sur les opérations desecours.

Dans une brève allocution, le chefdu gouvernement a tenu à « rendrehommage au dévouement et au trèsgrand professionnalisme de la gros-se centaine de sapeurs-pompiers,qui ont été mobilisés dès le début dusinistre, et qui l’ont géré avec uneefficacité remarquable ».

Opération longue

Alors que la maire de Nantes, Johan-na Rolland, se tenait à ses côtés,Jean Castex a également souhaitéune reconstruction « la plus rapidepossible » de la cathédrale, à laquelle« l’État prendra toute sa part ».Quant à l’enquête, placée « comme ilse doit sous l’autorité du procureurde la République » il a indiqué qu’ilne disposait sur celle-ci d’« aucunélément précis d’information à cestade ».

Devant de nombreux journalistes, le

Premier ministre a également expri-mé « la solidarité de la nation àl’endroit des Nantaises et Nantais,ainsi qu’à la communauté catholi-que de Nantes », avant de cheminervers la préfecture de Nantes, voisine.Les échanges ont alors pu se pour-suivre avec l’édile de Nantes. Cettedernière rappelant qu’il était « impor-tant pour les Nantais que l’édificepuisse retrouver sa splendeur dansles meilleurs délais ».

Mais « la qualité du patrimoinefrançais implique des efforts finan-ciers tout à fait considérables » aobservé Roselyne Bachelot, qui aconfirmé : « l’État va bien sûr être làpour une opération qui sera forcé-ment longue. »

Mathieu GRUEL.

Jean Castex, Premier ministre etRoselyne Bachelot, hier, à Nantes.

| PHOTO : JÉRÔME FOUQUET, OUEST-FRANCE

« L’État prendra part à la reconstruction »

L'événement

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« Quelle tristesse. Quand je vois lesimages et les flammes qui s’échap-pent de la grande baie centrale, jene peux que constater que lesvitraux ne sont déjà plus là ». LennyCharrier, passionné d’histoire médié-vale et membre du Forum Nantespatrimoine, connaît bien ces piècesdatant du début du XVIe siècle, der-niers éléments du XVe siècle de l’édifi-ce.

Ces fragments de vitraux, hauts de11 mètres et larges de plus de7 mètres, réalisés par les peintres ver-riers Pierre ou Jean de la Chasse, fai-saient partie d’une grande comman-de d’Anne de Bretagne, parmi les-quelles le tombeau des carmes.

Ils avaient été épargnés lorsqu’en1793, les vitraux qui ornaient la cathé-

en place en 1620, seule la baie hautede la façade occidentale fut alorsépargnée.

Même si chacun s’accorde à yreconnaître un portrait de la reineAnne de Bretagne, ces vitrauximmenses n’avaient guère retenul’attention, non seulement parcequ’ils étaient peu visibles, mais aussiparce qu’ils avaient été déjà forte-ment endommagés par l’explosionde la poudrière du château en 1800.Seuls 21 panneaux sur les 72 decomposition initiale, ont été sauvés.Les autres ont été largement complé-tés de verre blanc.

On y voyait à gauche Moïse tenantles tables de la loi et Anne de Breta-gne et à droite Élie et Marguerite deFoix, la mère d’Anne de Bretagne. Au

centre se trouvait la Fontaine de Vietiré de la fontaine de Jouvence.

« Comment se fait-il qu’un tel patri-moine puisse partir en fumée. Jepensais qu’avec ce qu’il s’était pas-sé à Notre-Dame de Paris, tout seraitmis en œuvre pour protéger nosrichesses, s’insurge le défenseur dupatrimoine. Je m’attends à plus devigilance sur entretien des édificesanciens. C’est une perte énorme.C’est incompréhensible. »

On est servis à Nantes. Récem-ment, l’incendie de la basilique Saint-Donatien Saint-Rogatien avait fait denombreux dégâts en 2015 et nécessi-te de longues années de rénovationstoujours en cours.

Stéphanie LAMBERT.drale avaient été arrachés. Protégéepar les orgues et leur tribune mises

Vitraux de la façade de la cathédrale deNantes. | PHOTO : STEPHANE MAHOT / LA TRIBUNE DE L’ART

Les vitraux centenaires d’Anne de Bretagne détruits

Il avait survécu à l’incendie de1972… » Grâce au facteur d’orgueJoseph Beuchet et ses ouvriers quiavaient, à l’époque, installé unebâche et permis d’abriter l’instrumentde l’eau des pompiers qui, si elles’était introduite dans les tuyaux,aurait rendu l’orgue hors d’usage. « Etlà, aujourd’hui, il s’est effondré, il afallu seulement quelques heures, lebois a brûlé, le métal a fondu… »Cela paraît surprenant mais il n’étaitpas classé parce qu’il avait subi tropd’interventions au fil du temps.

« Un instrumenttrès puissant »

Avec ses collègues organistes,Michel Bourcier « commençait àenvisager une restauration. Unorgue, c’est comme une machine,ça s’entretient tous les 20, 40 ou50 ans, cela dépend. On s’apprêtait

à imaginer une réfection pour mettreen valeur le matériel ancien. Il a étéélectrifié dans les années 1970, maisle principe n’a pas changé depuis leMoyen Âge. C’était un orgue d’unegrande cohérence esthétique, trèspuissant. »

Un second instrument, l’orgue dechœur « posé sur le sol au niveau duchœur de la cathédrale » a égale-ment été endommagé. La console,les claviers et le pédalier ont étédétruits par le feu. Reste le buffet(gros meuble dans lequel sont ran-gés les tuyaux et d’où sort le son),heureusement intact.

« C’est le plus grand orgue dechœur de France », souligne ÉtienneFerchaud, chef de chœur, directeurde musique sacrée à la cathédrale deNantes.

L’instrument a été conçu en 1862par Louis Debierre, facteur d’orgue

nantais. Très abîmé après l’incendiede 1972, il était resté muet jusqu’en1985 et avait été classé en 1987 autitre des monuments historiques.« C’est un orgue d’accompagne-ment, qu’on sent vibrer et vivre avecnous, un compagnon de route ensomme. » Pour lui, ces deux orguesétaient « les deux plus beaux instru-ments de la ville de Nantes ».

Au chevet de ces joyaux deux foispar an, Nicolas Toussaint, de la manu-facture bretonne d’orgues, les avaitvérifiés mercredi dernier. « Ils étaienten bon état de jeu. Quand un orguedisparaît, une partie du patrimoinedisparaît. Nantes a eu Louis Debier-re, grand facteur d’orgue, et la mai-son Beuchet. C’est aussi tout lesavoir-faire de ces artisans nantaisqui s’évanouit. »

Magali GRANDET.

Témoignages

« Je suis atterré, comme tous leschrétiens. Mais également en tantque musicien. Il y a un grand vide àla place de l’orgue, c’est une perteirréparable. » Il est bouleversé.Michel Bourcier, l’un des titulaires dugrand orgue de la cathédrale de Nan-tes, répétait encore vendredi soir surl’impressionnant instrument à ventdatant de 1619. Il y accédait par unevolée de 66 marches et s’asseyait à latribune, au-dessus des portailsd’entrée de la cathédrale de Nantessurplombant la nef.

« Je préparais les messes dedimanche et mon concert du 5 août.Je suis sûrement le dernier à avoirquitté la cathédrale à 21 h, je n’airien remarqué d’anormal », confie lemusicien. « Il s’agit d’une perte irré-parable, il avait eu 400 ans en 2019.

La destruction du grand orgue laisse un grand vide dans la cathédrale de Nantes. Il ne reste plus rien de l’instrument de 1619. | PHOTO : DIOCÈSE DE NANTES,/JÉRÔME FOUQUET, OUEST-FRANCE

« Du grand orgue, il ne reste rien… »Les flammes ont ravagé le grand orgue de 1619. Sa destruction, et le vide qu’il laisse, reste l’unedes images dramatiques de cet incendie qui a endommagé la cathédrale de Nantes, hier.

L'événement

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Des centaines de Nantais figés, sansvoix, en larmes parfois, face aux flam-mes qui dévorent la toiture de lacathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul.Le 28 janvier 1972, vers 16 h, la char-pente de la cathédrale s’est embra-sée. « Ça a fait « wouf », se souvenaitencore, quarante ans plus tard, en2012, dans Ouest-France, l’adjudant-chef Pierre Causel, un des premierspompiers arrivés sur les lieux. Com-me une boîte d’allumettes quis’embrase. »

Il y a quarante-sept ans, les pom-piers ne disposaient pas des mêmesmoyens qu’aujourd’hui et, surtout,a toiture était encore de bois et pas debéton comme c’est désormais le cas.En 1972, les pompiers ont dû compo-ser avec une grande échelle tropcourte de dix mètres pour attaquere feu par le toit. Ils ont dû composer,aussi, avec les ordres des architectesdes Bâtiments de France. « Onnous a demandé de limiter l’arrosa-ge afin de ne pas endommager lespierres de la voûte », poursuivait lepompier.

« Le cœur de Nantes touché »

L’incendie de 1972 a débuté à lafaveur de travaux. Les ouvriers trèsqualifiés qui travaillent sur ces toituressensibles ont beau prendre toutes lesprécautions, il suffit parfois d’un rien.L’enquête après l’incendie de lacathédrale, à Nantes, a conclu à unaccident imprévisible, sans fauteimputable. Des étincelles ont traverséle plancher et mis le feu aux poussiè-res accumulées dans les combles…« Nous avons senti que le cœur deNantes était touché, disait l’évêque

de l’époque, Monseigneur Vial, dansun communiqué publié le lendemain.La cathédrale est apparue plusqu’un symbole, une part de notrehistoire et de notre vie, le bien detous. » Il a fallu 457 ans (1434-1891)pour bâtir ce chef-d’œuvre du gothi-que flamboyant et quelques heuresseulement ont suffi à dévorer son toit,sa charpente (déjà touchée par lesbombardements de 1944).

La cathédrale n’avait été entière-ment rendue à ses fidèles que treize

années plus tard, sa charpente debois remplacée par une moins vulné-rable de béton.

Le 15 juin 2015, un autre édificeemblématique nantais a été dévorépar les flammes : la basilique Saint-Donatien. Là encore, alors que deuxouvriers travaillaient sur la toiture unbrutal et ravageur incendie s’estdéclaré. En quelques minutes, lacharpente de la basilique Saint-Dona-tien, construite entre 1873 et 1902,était totalement dévastée.

Depuis, le chantier de rénovation vabon train. Tailleurs de pierre, cou-vreurs, charpentiers, restauratricesde décors et de tableaux, restaura-teurs de sculptures s’échinent. Lemontant de l’opération est estimé à13 millions d’euros.

Les incontournables périodes detravaux sur les toits des églises sonttoujours des opérations délicates.L’église Saint-Nicolas a, elle aussi, ététouchée plusieurs fois, en 2009, pardes départs de feu. Sans gravité.

Le 28 janvier 1972, vers 16 h, la charpente de la cathédrale s’est embrasée. | PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE

Cathédrale et basilique déjà ravagées par le feuLa cathédrale de Nantes a déjà subi un violent incendie qui avait réduit en cendres sa charpente,tout comme la basilique Saint-Donatien, en 2015, toujours en travaux…

Emmanuel Macron : « Après Notre-Dame, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, au cœur de Nantes, est enflammes. Soutien à nos sapeurs-pompiers qui prennent tous les ris-ques pour sauver ce joyau gothiquede la cité des Ducs. »

La Conférence des évêques deFrance « appelle tous les catholiquesà s’unir dans une prière de soutienaux catholiques du diocèse de Nan-tes ».

Stéphane Bern : « On se bat poursauver le patrimoine et dans le mêmetemps, on le détruit. Ce sont des mor-ceaux entiers de notre patrimoine,pourquoi il faudrait toujours attendrequ’il y ait des incendies, qu’il y ait desdrames pour prendre la mesure denotre patrimoine ? »

Omar Sy : « Nantes, soutien auxpompiers. »

Isabelle Balkany : « Dieu, excuse-moi de te déranger, mais j’ai unequestion à te poser : Peux-tu nousexpliquer pourquoi l’Homme détruitvolontairement ce que l’Homme aréalisé de plus beau ? »

Christelle Morançais, présidentedu conseil régional : « Je veux saluerle courage des pompiers qui sont

parvenus à maîtriser rapidementl’incendie. »

Philippe Grosvalet, président dudépartement Loire-Atlantique :« Mes sincères remerciements auxsapeurs-pompiers du SDIS44 (Servi-ce départemental d’incendie et desecours) qui ont maîtrisé l’incendie.Au quotidien les sapeurs-pompiersprotègent des vies et notre patrimoi-ne commun. »

Marine Le Pen : « Quelle tristessede voir ces nouvelles images d’unbijou de notre patrimoine culturel ethistorique en partie rongé par les

Christelle Morançais.| PHOTO : ARCHIVES FRANCK DUBRAY, OUEST-FRANCE

De nombreuses réactionsNotre-Dame de Paris. Le 15 avril2019, le chef-d’œuvre de l’architectu-re gothique au cœur de la capitale estdévasté.

L’Hôtel Lambert à Paris. Dans lanuit du 9 au 10 juillet 2013, un incen-die fait de gros dégâts à l’Hôtel Lam-bert, œuvre de l’architecte Louis LeVau datant du XVIIe siècle.

L’hôtel de ville de La Rochelle. Le28 juin 2013, un incendie ravage enpartie le bâtiment datant des XVe etXVIe siècles.

Le Logis royal du châteaud’Angers. Le 10 janvier 2009, unincendie détruit la toiture sans tou-cher les œuvres d’art à l’intérieur. Laforteresse de schiste et de calcaire,avec ses dix-sept tours, a été édifiéeau XIIIe siècle par Saint Louis.

Le château de Lunéville. Le 2 jan-vier 2003, le « petit Versailles lorrain »est ravagé par un feu qui se déclaredans la toiture de la chapelle. L’édifi-ce a été construit au début duXVIIIe siècle par le duc Léopold deLorraine.

Le Parlement de Bretagne à Ren-nes. Le 5 février 1994, un incendiedétruit le toit et le premier étage de laconstruction classique du XVIIe siècle.

D’autres bâtiments historiques

flammes… Toute la lumière doit êtrefaite sur l’origine de cet incendie.Courage et merci à nos valeureuxpompiers. »

Rachida Dati, maire du 7e arron-dissement de Paris : « Nantes aprèsParis ! Émotion et tristesse. »

La Fondation du patrimoine lanceune collecte pour la reconstructiondu grand orgue (fondation-patrimoi-ne.org/67426). Cette collecte se faiten partenariat avec le ministère de laCulture. Les dons des particuliersseront intégralement reversés aux travaux. Ils sont défiscalisables.

Stéphane Bern.| PHOTO : ARCHIVES FRANCK DUBRAY, OUEST-FRANCE

L'événement

Page 6: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

Éditorial par Jeanne Emmanuelle Hutin

L’incendie de la cathédrale de Nan-tes nous bouleverse. Il nous rappel-le celui de Notre-Dame de Paris.Nous mesurons l’importance et lafragilité de ces lieux qui traversent letemps.

Ce qui se passe en Turquie ausujet de Sainte Sophie, en grecHagia Sophia qui signifie « sagessedivine », nous inquiète aussi. Basili-que chrétienne pendant 1 000 ans,mosquée pendant 500 ans, muséependant 85 ans, le président Erdo-gan a décidé de la transformer ànouveau en mosquée.

Cette décision a suscité l’indigna-tion et la consternation. Classée aupatrimoine mondial de l’humanité,« Sainte Sophie est un chef-d’œuvre architectural et un témoi-gnage unique de la rencontre del’Europe et de l’Asie au cours dessiècles. Son statut de musée reflè-

te l’universalité de son héritage eten fait un puissant symbole de dia-logue », déclarait la directrice del’Unesco.

Le patriarche Bartholomée la con-sidère comme le « symbole de larencontre, de la solidarité et de lacompréhension mutuelle entre lechristianisme et l’islam ».

Le pape François a fait part de sagrande tristesse. Pour la Grèce,c’est une provocation. Pour le chefde la diplomatie européenne,Josep Borell, cela ne fait qu’« ali-menter la division entre les com-munautés religieuses et mine nosefforts de collaboration ».

Mais Erdogan n’en a cure. Il adéclaré : « Aujourd’hui, la Turquies’est débarrassée d’une honte.Sainte Sophie vit à nouveau une deses résurrections […] annonciatri-ce de la libération de la mosquée

Al Aqsa (N.D.L.R., Jérusalem). Ellesignifie que le peuple turc, lesmusulmans et toute l’humanité ontde nouvelles choses à dire aumonde. »

Cependant en Turquie, ons’inquiète : « Le régime d’Erdogandéclare que […] l’empire ottomansera le nouveau modèle de la Tur-quie… Le régime ne va pluss’encombrer des valeurs moralesattribuées à l’Occident […]. Il nepermettra pas à des bagatellescomme la loi, la démocratie de fai-re obstacle à sa conquête majeu-re… la conquête du pouvoir abso-lu », déplorait la romancière AsliErdogan, dans Le Monde.

Car le régime de Turquie se dévoi-le. À l’intérieur, ses opposants crou-pissent en prison. À l’extérieur, sesprovocations se multiplient : viola-tion de l’embargo sur les armes en

Libye, forages dans les eaux deChypre pour les hydrocarbures…

Cette nouvelle provocation estune marche de plus dans l’escala-de actuelle. Elle dévoile non pas laforce mais l’impuissance d’un pou-voir aux abois qui ne vit que des ten-sions qu’il suscite.

De nombreux Turcs en souffrent.Car ils savent leur responsabilitéparticulière, au carrefour de tant decivilisations, pour construire la com-munauté humaine.

Hagia Sophia que l’empereur Jus-tinien Ier dédia à la Sagesse divineappelle aujourd’hui la sagessehumaine à préserver les liens pré-cieux de la paix.

Elle nous rappelle, là-bas commeici, que le respect des lieux sacréscomme de leur histoire est la mar-que des civilisations et un rempartcontre le chaos.

Sagesse divine, sagesse humaine ?

On savait que ce serait un marathon.Les amateurs du genre ont été servis.Depuis maintenant plus de deuxjours les vingt-sept dirigeants europé-ens sont réunis à Bruxelles pour trou-ver un difficile accord sur le Plan derelance. L’enjeu n’est pas banal, il estvrai. Il s’agit ni plus ni moins pourl’Union européenne de franchir unpas symbolique : emprunter ensem-ble des fonds (750 milliards) et lesdistribuer non pas en fonction de larichesse de chaque pays, mais enfonction des besoins pour faire face àla plus grave crise économique qu’aitconnue la zone euro.

« On retrouve une intensitéd’échanges et une longueur de Con-seil similaires à ceux sur la négocia-tion sur l’euro », confiait en fin de jour-née, hier, une source diplomatique.Signe de tensions persistantes, biensûr, mais signe aussi que l’Unioneuropéenne est en train de vivre unprofond changement sur le fond.

Le principal blocage voyait toujoursopposer, hier, les pays dits « frugaux »(Pays-Bas, Suède, Autriche, Dane-mark) et les leaders italiens et espa-gnols à la tête de pays déjà fragiliséset durement frappés par l’épidémie.

Leader du front des « radins » com-me ils ont été surnommés par cer-tains responsables politiques, lesPays-Bas ont adopté une ligne trèsdure. Demandant une baisse dessubventions budgétaires. L’envelop-pe globale initiale de 750 milliardsresterait intacte, mais les 500 mil-liards de subventions ont été rabotéshier, passant à 450 milliards.

Plus complexe et cruciale encore,la question du contrôle des fonds quiseront débloqués oppose les mêmescamps. Une large majorité de pays(notamment Rome et Madrid) refu-

sent de conditionner ces aides à desréformes structurelles, comme cellesque la Grèce avait dû subir durant lacrise de la zone euro. Le mécanismepour établir néanmoins un frein et uncontrôle à toute possible dérive estdonc très complexe à élaborer. MarkRutte, le Premier ministre néerlandaisdemandant une sorte de droit devéto.

Surveiller les subventions

Durant toute la journée de samedi, lesdiscussions ont suivi des formats lesplus divers. En plénière à 27, à deux,trois, quatre, en format plus large(allemand, français, italien, espagnol,

néerlandais). L’axe Paris-Berlin sem-blait tenir hier, « ils sont plus quejamais alignés » faisait savoir undiplomate.

Charles Michel, à la tête du Conseilet en position de négociateur, a pro-posé un mécanisme permettant à unpays qui aurait des réserves sur leplan de réforme présenté par un autreÉtat en contrepartie de ces aidesd’ouvrir « dans les trois jours » undébat à 27.

Mais côté espagnol, on opposaitune fin de non-recevoir, alors que lePremier ministre italien affirmait êtrerésolu à faire des réformes, mais enavertissant : le moment des réformes

fiscales devra venir aussi sur la table,en référence au rôle de paradis del’optimisation fiscale que les Pays-Bas jouent en Europe.

On en était là au début du dîner,hier soir, moment choisi par CharlesMichel pour présenter des modifica-tions aux textes de compromis.L’Europe est plus que jamais coincéeentre ses divisions internes sur la poli-tique économique, et la nécessitéimposée par la pandémie de relancermassivement l’activité continentale.Sous peine de voir tous les pays,même les plus riches, en pâtir.

Laurent MARCHAND.

Le Président français Emmanuel Macron, Angela Merkel, la Chancelère allemande, Sanna Marin, la Première ministrefinlandaise et Stefan Löfven, le Premier ministre suédois en pleine discussion, hier, à Bruxelles. | PHOTO : FRANÇOIS LENOIR, EPA/MAXPPP

Bruxelles : le blocage des pays du NordRéunis depuis plus de 48 heures, les dirigeants européens ont âprement négocié les pointssensibles du plan de relance. Avec une position très rude des pays dits « frugaux ».

Monde

Page 7: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

Des milliers de manifestants ont défi-laient, hier après-midi, dans les ruesde Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise)en hommage à Adama Traoré, décé-dé il y a quatre ans lors d’une interpel-lation par les gendarmes. De nom-breux proches de personnes victi-mes des violences policières se sontjoints à la marche, notamment lamère et la sœur de Cédric Chouviat etle père et l’oncle de Sabri, ainsi queplusieurs personnalités publiquescomme DJ Snake, Omar Sy ou enco-re Malik Bentalha.

« Aujourd’hui, on ne fait plus con-fiance à la justice » a déclaré AssaTraoré, la sœur d’Adama et emblèmede la lutte pour la requalification desfaits en « homicide volontaire ».« Nous demandons la mise en exa-men des gendarmes, nous deman-dons un procès public », a-t-ellerajouté en réponse au placement deceux-ci sous le statut de témoinsassistés.

L’avocat de la famille Traoré, Me

Yassine Bouzrou, a également révéléque quatorze nouvelles investiga-tions avaient été ordonnées dansl’enquête sur la mort d’Amada. Elless’ajoutent à deux demandes récentesainsi qu’une expertise médicale con-fiée à des médecins belges, portantdonc à dix-sept le nombre de deman-des d’actes par les juges d’instructiondepuis le rassemblement du 2 juin.

Affaire Traoré : pour que justice soit faiteQuatre ans après la mort d’Adama Traoré lors d’une interpellation, lalutte pour la reconnaissance d’un « homicide volontaire » ne faiblit pas.

Pour la première fois, le collectifécologiste Alternatiba s’est joint à lamanifestation, au motif que « la lutteclimatique dénonce aussi le systè-me d’oppression et de domination.L’écologie doit être sociale, populai-re, solidaire ». Selon sa porte-parole,Élodie Nace, cette mobilisation com-mune est l’occasion de « renforcerune alliance importante pour laconstruction d’une écologie popu-laire, aux côtés d’une population enpremière ligne des injustices et de lapollution ».

Mathilde CARIOU.

« On ne fait plus confiance à la justice »,assène Assa Traoré, la sœur d’Adama.

| PHOTO : BERTRAND GUAY, AFP

Le Premier ministre avait annoncé il ya quelques jours ce qu’Olivier Véran aconfirmé hier : le port du masquesera obligatoire dans tous les lieuxpublics clos dès demain. Et de préci-ser que cette mesure concernait « lescommerces, établissements rece-vant du public, marchés couverts etbanques ». Les masques sont déjàobligatoires dans certains départe-ments, comme dans le Finistère, où lapréfecture l’a rendu indispensable« au sein des établissements rece-vant du public clos des îles de Batz,Molène, Ouessant et Sein » ainsi quesur une liste de marchés.

Cette avance est due à l’augmenta-tion préoccupante des contamina-tions en Bretagne : avec 123 nou-veaux cas de Covid-19 confirmésentre le 15 et le 17 juillet, elle devientla région de France où le taux dereproduction (aussi appelé R effectif)est le plus élevé. Alors qu’il est désor-mais de 1,2 au niveau national, ilatteint 2,62 en Bretagne, soit presquetrois personnes contaminées parchaque porteur.

Dans d’autres départements ourégions classés à « vulnérabilité éle-vée » (Mayenne, Gironde, Île de Fran-ce), le taux de reproduction stagneaux alentours de 1,5. Cependant, lasituation ne semble pas inquiéteroutre mesure les autorités sanitaires,qui l’expliquent notamment par la

Covid-19 : le masque sera bien obligatoireAlors qu’Emmanuel Macron l’avait annoncé au 1er août,le port du masque sera finalement obligatoire dès lundi.

hausse du nombre de tests depuis lafin du confinement : sur les80 000 tests effectués en Bretagne,près de 20 000 l’ont été entre le 6 et le16 juillet, dates auxquelles l’augmen-tation du nombre de cas a été relevée.

Jean Castex a affirmé, hier, « sur-veiller de près » la situation en Espa-gne, où les quatre millions d’habi-tants de l’agglomération de Barcelo-ne ont été invités à « rester chezeux ». Le Premier ministre n’a pasécarté l’hypothèse d’une nouvelle fer-meture de la frontière franco-espa-gnole.

M. C.

Les masques sont déjà obligatoiressur plusieurs marchés bretons.

| PHOTO : FRANCK DUBRAY, OUEST-FRANCE

Le monde et la France en brefÉtats-Unis : le militant John Lewisest mortL’emblématique militant de la non-violence et des droits civiques auxÉtats-Unis (photo) et ancien compa-gnon de route de Martin Luther Kingest mort à l’âge de 80 ans, a annoncévendredi la Chambre des représen-tants, dont il faisait partie. « L’Améri-que déplore la disparition de l’un desplus grands héros de l’histoire améri-caine », a écrit la présidente de l’insti-tution, Nancy Pelosi.

Piratage : les excuses de Twitter« Nous sommes embarrassés, déçuset avant toute chose désolés »,a publié Twitter à la suite du piratagede plusieurs comptes de célébritésdont Joe Biden, Barack Obama ouencore Elon Musk. Les hackeurs,intervenus dans la nuit du 15 au16 juillet, auraient « manipulé avecsuccès un petit nombre d’employés »du réseau social afin d’avoir accès àces comptes, 45 au total, sur les130 visés.

Manifestation à Bangkokcontre la loi de lèse-majestéPlusieurs milliers de manifestantsthaïlandais, dont une majorité de jeu-nes, se sont rassemblés hier, aumonument de la Démocratie à Bang-kok, pour dénoncer la politique dugouvernement. Les manifestants por-

l’agence de presse Anadolu. Le27 juin, l’embarcation transportantune soixantaine de migrants originai-res du Pakistan, d’Afghanistan etd’Iran avait coulé en raison des condi-tions météo difficiles.

Un commandant de policetué dans les YvelinesUn commandant de police du Val-d’Oise a été tué par balles, hier, à sondomicile de Vaux-sur-Seine (Yveli-nes). Le père de la victime, principalsuspect, s’est donné la mort. Il seserait suicidé après avoir abattu sonfils. Selon les premiers éléments del’enquête, l’homme souffrait de pro-blèmes psychiatriques. Le corps dupolicier a été découvert par lessecours hier après-midi.

Un détenu meurtdans l’incendie de sa celluleUn détenu de 27 ans est décédédans la nuit de vendredi à samedidans l’incendie qu’il avait lui-mêmeallumé dans sa cellule. L’homme,incarcéré dans le quartier disciplinai-re de la prison de Roanne (Loire), seserait suicidé, selon les premiers élé-ments de l’enquête. Il faisait l’objetd’une mesure d’hospitalisation d’offi-ce. Son avocat a annoncé que lesparents du défunt avaient l’intentionde « savoir si une faute a été commi-se » par les autorités pénitentiaires.

taient un uniforme noir inspiré par lestenues des protestataires du mouve-ment pro-démocratie de Hong Kong,et appelaient notamment à l’abolitionde la loi sur la lèse-majesté dans leroyaume.

Covid-19 : décès d’un ancienministre algérienL’ancien ministre algérien des Télé-communications, Moussa Benhama-di, est décédé vendredi du Covid-19.Âgé de 67 ans, le proche du clan du

président déchu, Abdelaziz Boutefli-ka, se trouvait en détention préventivepour une affaire de corruption. Conta-miné en prison, il a été évacué enurgence avant de mourir à l’hôpitalMustapha-Bacha à Alger.

Tunisie : le bilan du naufragerevu à la hausseLe bilan du naufrage sur le lac de Van,dans l’est du pays, est passé à cin-quante morts hier, après la découver-te de cinq nouveaux corps, selon

Barack Obama et John Lewis lors du 50e anniversaire de la marche des droitsciviques de Selma, le 7 mars 2015. | PHOTO : WHITE HOUSE/PETE SOUZA VIA REUTERS

Monde/France

Page 8: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

Reportage

« S’il vous plaît monsieur, pouvez-vous mettre votre masque. » Dans lafile d’attente du Tonnerre de Zeus,une des attractions spectaculaires duParc Astérix, la jeune femme chargéedu contrôle est vigilante. On ne badi-ne pas avec les règles sanitaires et lescontrôles ont été renforcés.

Si le port du masque est simple-ment conseillé dans les allées, il estobligatoire dans tous les manèges. Etla consigne est plutôt bien respectéemême chez les ados parfois rebellesà ce type de contraintes. Enfin pres-que et la sécurité est parfois obligéed’intervenir.

« Avant la réouverture, nous avonsrefait tous les parcours, ceux dessalariés et ceux des visiteurs poursavoir si, en tous lieux, nous étionscapables d’assurer les mesures deprotections sanitaires, expliqueNicolas Kremer, directeur général duparc. Dans les files d’attente, il étaitassez compliqué de faire respecterla distanciation sociale, nous avonsdonc décidé de rendre le masqueobligatoire. »

Le manège démarre,elle hurle

Mais pourquoi le rendre obligatoire,une fois les visiteurs assis dans lemanège ? « Parce que ce sont la plu-part du temps des roller-coaster quivont assez vite et il ne faut pas queles gens, en criant ou en riant, puis-sent exhaler des particules. Nousavons également installé 900 distri-buteurs de gel hydroalcoolique pourles salariés et les visiteurs afin qu’ils

puissent, avant chaque attraction,se laver les mains. »

Dans les restaurants, l’espace entreles tables a été revu à la hausse etchaque personne qui se déplace estpriée de mettre son masque. « Il estévidemment aussi obligatoire dansles boutiques. »

Le nombre d’entrées dans le parc,lui, n’a pas été limité. « Au départ, lenombre de visiteurs était de toutefaçon assez faible, de 3 000 à 5 000par jour. Cela nous a permis deroder notre système. »

Le week-end dernier, le parc a fran-

chi la barre des 13 000 visiteurs.« Nous sommes capables de l’antici-per car désormais tous nos visiteursviennent avec des billets datés. »

En temps normal, comme l’été der-nier, le parc tourne avec une moyen-ne de 13 000 à 15 000 personnes parjour. La jauge est donc presqueatteinte après seulement quatresemaines de réouverture. Le recordde fréquentation est généralementbattu au moment d’Halloween où leparc a accueilli jusqu’à 30 000 visi-teurs ! Reste à savoir où en sera leCovid au mois de novembre.

Assise dans la nouvelle et très« retournante » attraction Oziris,Camille, 15 ans, fait discrètement tom-ber le masque. « Je suis morte detrouille, j’ai du mal à respirer », dit-el-le à son voisin. Les pieds dans le vide,les épaules coincées dans un harnais,elle s’apprête à être secouée danstous les sens. Le manège enchaîne eneffet les loopings et les vrilles à viveallure. C’est parti ! Elle hurle. Reste àsavoir si le Covid résiste à de telsretournements…

Philippe LEMOINE.

Au départ du Pégase Express, le port du masque est obligatoire comme dans toutes les attractions. | PHOTO : OUEST-FRANCE

Au Parc Astérix, pas de loopings sans masquesLe parc d’attractions a rouvert depuis un mois. La fréquentation est en augmentation. Les règlessanitaires aussi. Port du masque et gel hydroalcoolique sont obligatoires dans les manèges.

Reportage

« Bonjour, vous voulez du gel hydro-alcoolique ? Je peux remplir votreflacon ! » Au pied de l’Hôtel de ville,des distributeurs ambulants ontaccueilli, hier, les premiers estivantsde Paris Plages, désireux de profiterdu soleil et des transats. Avec, cetteannée, des mesures sanitaires renfor-cées en raison de l’épidémie deCovid-19.

« Je me balade beaucoup d’ordi-naire sur les quais, confie Romane,étudiante à Paris. C’est très agréablede pouvoir se détendre au soleil,surtout quand il fait beau commeaujourd’hui. » Sur les quais, peu demonde. Les quelques promeneurssont en grande majorité des jeunesvenus pique-niquer et prendre lesoleil.

Des tests sans rendez-vous

Côté sanitaire, le faible nombre devisiteurs vaut toutes les précautions.« C’est très espacé et en plein air »,lance Camille. Cette étudiante mar-seillaise est venue en vacances àParis et découvre l’événement. « ÀMarseille, les transats sont payants,

més et ça nous rassure. » Outre desdistributeurs ambulants de gel hydro-alcoolique, les marquages au sol exi-gent une distance d’au moins unmètre entre les participants. Au postede secours, des tests de dépistagedu Covid-19 sont disponibles, sansrendez-vous préalable. Depuis plu-sieurs jours, de légers signes de repri-se de l’épidémie sont perceptibles,notamment à Paris où l’on dénombredix foyers de contamination.

Seul bémol, les masques, pourtantfortement recommandés, sont quasiabsents à Paris Plages. Même les pla-gistes et les animateurs semblent enfaire l’économie. « Le personnel quitravaille et se déplace sur le site estobligé de porter un masque », infor-me pourtant un plagiste.

Face à la faible affluence, les anima-teurs ne paniquent pas. « Ça ne faitque commencer, relativise Hugo, res-ponsable d’un stand de jeu d’échecs.Tout est fait pour accueillir autant demonde que l’année dernière (plus de300 000). Mais on ne sait pas vrai-ment s’il va y avoir du monde vu lecontexte. »

Matthieu LASSERRE.

regrette-t-elle. Ici, on peut sortir gra-tuitement tout en respectant les ges-tes barrières. »

Paris Plages permet aussi aux Pari-siens de se sentir un peu en vacan-ces. « Avec l’épidémie, nous avonsdû renoncer à nos vacances pré-vues cet été. Venir ici nous permetde nous détendre quand même »,explique Sophie, une jeune mère de

famille. Séduite par l’absence de fou-le et les consignes sanitaires envigueur, elle est venue profiter des ter-rains de pétanque avec son mari etses deux filles. « On nous distribuedu gel partout, déclare-t-elle, satisfai-te. On nous a assuré que les boulesétaient régulièrement désinfectéessans qu’on ne le demande. On voitque les organisateurs ont été for-

Paris Plages permet aussi aux Parisiens de se sentir un peu en vacances.| PHOTO : MOHAMMED BADRA, EPA/MAXPPP

L’ouverture de Paris Plages ne déplace pas les foules

France

Page 9: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

de Charles Baudelaire, qui transfor-ma Saint-Céneri en résidence estiva-le pour de nombreux peintres à partirdes années 1870.

Ce qui est certain, c’est que l’incon-fort des lieux déplut beaucoup àCorot lors de son premier passage,comme le narre le Journal d’Alençonen 1855. À l’auberge Legangneux,aujourd’hui Auberge des peintres, ildut partager sa chambre avec desouvriers et filles de salle, ce qui lerebuta fortement. Mais il revintl’année suivante, dormir dans la nou-velle Auberge de la vallée, toujoursouverte aujourd’hui.

Mary Renard, un grand habitué dela troisième étape du village, l’Auber-

ge des sœurs Moisy, montra à unjournaliste, quelques années après lamort de Corot, le lit où le maître auraitdormi, et son râtelier à pipes.

Des tableaux mystérieux

Si plusieurs sources concordentdonc sur la présence de Jean-Baptis-te Camille Corot au village, le mystèreautour des tableaux que Saint-Cénerilui aurait inspirés reste entier. JeanArpentinier, auteur spécialiste despeintres de l’Orne et du Perche, auraitreconnu sur une reproduction de latoile Batelier traversant une rivière,environs d’Alençon la chapelle Saint-Céneri. Le peintre aurait donné à sonconfrère Mary Renard un tableau réa-

lisé au village (éclairage ci-dessous).Dernière piste, à l’étage de l’Aubergedes peintres et de l’Auberge dessœurs Moisy, des tableaux peintsdirectement aux murs ont survécu aupassage du temps.

Ces toiles, paiement pour la nuit oucadeaux pour les gens du coin quin’avaient jamais vu la mer, n’ont pastoutes été attribuées. L’un d’eux, unruisseau, aurait pu être peint parCorot. Mais rien n’est moins sûr.

Pratique : l’Auberge des sœurs Moisya été restaurée et se visite. Elle cachede nombreuses surprises.

Juliette COULAIS.

Ce village de 120 habitants a accueilli nombre de peintres, dont Jean-Baptiste Camille Corot. | PHOTO : JÉRÉMIE FARO, OUEST-FRANCE

Corot à Saint-Céneri-le-Gérei, étape des peintresSur les pas des grands peintres. Jean-Baptiste Camille Corot fut l’un des nombreux artistesà séjourner, depuis le XIXe siècle, dans ce village aux confins de l’Orne, de la Sarthe et de la Mayenne.

Décryptage

Le peintre Mary Renard, qui logea denombreux étés à Saint-Céneri, ren-contra Jean-Baptiste Camille Corotlors d’un de ses passages au village,raconte Pierre Renard, son fils, dansune conférence de 1962. Ce dernierlui aurait donné cette pochade (pein-ture de petit format, exécutée en exté-rieur, sur le vif), comme Corot nom-mait parfois ses œuvres. Si le tableaua été fait à la hâte, le peintre a tenté decapturer l’atmosphère de l’endroit.C’est pour ce goût du paysage prissur le vif que le peintre est considéréparfois comme l’ancêtre des impres-sionnistes. Il opère une véritable révo-lution en considérant une œuvrecomme celle-ci achevée, exposable,à rebours des normes classiquesextrêmement codifiées de sontemps.

La nature au premier planChristiane Tatham, passionnée depeinture et de l’histoire des peintrespassés à Saint-Céneri-le-Gérei, locali-se la scène vers le chemin de Trotté, àl’entrée du village. Un chemin quimarque exactement la frontière entrela Mayenne et l’Orne. On aperçoit aubout d’un chemin creux la silhouetted’une vieille dame en coiffe blancheet tablier bleu, qui marche dos auspectateur. Mais on la distingue à pei-ne. Ce tableau est représentatif del’art de Corot : la nature est le premierpersonnage de ses toiles. On y retrou-ve aussi un jeu de lumière distinctif deCorot, qui fait de l’utilisation de lalumière pâle une des clés de son sty-le.

Corot est membre de l’école deBarbizon, en rupture avec la traditionpaysagiste française, qui jusqu’alorspeignait davantage des pays imagi-

naires, scènes bibliques et royales.Comme Théodore Rousseau ou Gus-tave Courbet, Jean-Baptiste CamilleCorot peint des lieux ordinaires, qu’ilconnaît.

Peintre préféré des faussairesMais précaution est toujours bonne àprendre avec Corot. En effet, ce pein-tre ultra-prolifique « a été l’un desartistes les plus copiés et imités del’histoire de la peinture française »,d’après Vincent Pomarède, conserva-teur au Louvre. On doit à l’historien del’art René Huyghe la boutade : «Corot est l’auteur de 3 000 tableauxdont 10 000 ont été vendus en Amé-rique ». Si bien que des doutes sontencore permis concernant ce petittableau, aujourd’hui la propriété del’arrière-petit-fils de Renard.

J. C.Paysage, 1855, 22,4 x 13 cm,collection particulière. | PHOTO : DR COROT

Un Paysage ornais signé du « père de l’impressionnisme » ?

Reportage

Au cœur des « Alpes mancelles », lepetit village de Saint-Céneri-le-Géreise cache entre deux coteaux, char-mant village de 120 habitants serpen-tant le long de la Sarthe. On y croisenombre de visiteurs, venus flânerdans ses ruelles fleuries et sa naturetranquille, découvrant au passageune histoire millénaire. On remonte letemps le long de la rue principale, quirelie la chapelle où se serait installél’ermite saint Céneri au VIIe siècle auxauberges de la place du village, oùont posé bagages pléthore d’artistesdepuis le XIXe siècle. Parmi les pré-curseurs, Jean-Baptiste CamilleCorot.

Un peintre voyageur

Jean-Baptiste Camille Corot, peintrepaysagiste déjà réputé de son vivant,voyage partout en Europe pour trou-ver des modèles à ses tableaux. Plu-sieurs régions françaises ont recher-ché leurs sous-bois dans les forêtsoniriques de l’artiste citadin, Parisiend’origine. Dès 1845, il séjourne régu-lièrement à Alençon, et se promènedans la campagne ornaise. Il y expo-sera d’ailleurs en 1857.

On ne sait vraiment qui invita Corotà Saint-Céneri. Pour certains habi-tants et historiens, c’est sur les con-seils de son élève, Achille Oudinot, néà Damigny près d’Alençon, quel’artiste séjourna en 1854 au village.Pour d’autres, c’est sur invitationd’Auguste Poulet-Malassis, l’éditeur

Orne

Calvados

Mayenne

Sarthe

Alençon

O.-F

.

20 km

Saint Céneri-le-Gérei

France

Page 10: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

La semaine de Chaunu

Reportage

Tout a démarré pendant le confine-ment : que faire de ses vacances si onse trouvait bloqué chez soi ? Camperdans son jardin ? Et pourquoi pas ?Confinement ou pas, l’idée remportele suffrage des plus jeunes. Dormirsous la tente, de préférence avec descopains, ça fait un peu peur, mais pastrop. Toujours possible de rappliquerventre à terre, à 3 h du matin, pours’abriter au sec, au chaud, et en sécu-rité, en cas d’intempérie ou de grossefrayeur. À la clé, de joyeux souvenirsen perspective. Les enfants, généra-lement, adorent. Même les ados, àdéfaut de pouvoir prendre davantageleurs distances, peuvent apprécier depasser quelques nuits entre eux aufond d’un champ ou d’un jardin.

Sourires narquois

Évidemment, quand on n’a plus 10 ans,ni même 15, le projet de passer quel-ques nuits sous la toile dans son jardinsurprend. Incrédulité, sourires nar-quois, regards goguenards, franchesrigolades. Conjoint et enfants déclinent

fermement l’invitation à partager l’expé-rience. Surprise, les copains (et surtoutles copines) s’enthousiasment devantce qui se présente comme une idéecomplètement farfelue. Le jardin sera-t-il assez grand pour accueillir tout cemonde ? Le jour J, pourtant, point decamping style Vieilles Charrues dansmon jardin rennais.

L’amie qui prévoyait de rejoindre le« terrain de camping après avoircouché » ses parents venus passerquelques jours chez elle, s’est endor-mie avant eux. Une autre a craint dene pas être suffisamment en forme autravail le lendemain. Une troisièmes’est ravisée, convaincue qu’elle dor-mirait mieux au fond de son lit. Finale-ment, à l’heure dite, seule Tania seprésente, sac de couchage sous unbras, trousse de toilettes sous l’autre,à la fois dubitative et pleine d’entrain.« C’est une drôle d’idée mais ondevrait bien s’amuser ! »

Une fois qu’on a remis la main surtous les piquets, la tente « 2 secon-des » est plantée presque aussi viteque le promet la formule marketing.Qui dit camping dit apéro. Le temps

d’un verre en terrasse à papoter etobserver nuée d’hirondelles, envol depigeons ou de tourterelles, la tente atrouvé preneur : un solide matou habi-tué à se faire respecter dans le quar-tier a élu domicile au fond de l’un dessacs de couchage. L’intrus décampeet regagne la maison voisine.

Le grand air

Entre chien et loup, le ciel n’est, cesoir-là, pas complètement dégagémais reste malgré tout propice à unecertaine observation : Grande Ourse,étoile filante, avions. À minuit, le quar-tier tombe dans le silence, troublé parquelques fêtards lointains. L’heure derejoindre Morphée. Pas désagréablede s’endormir enfin dans les senteursmêlées de jasmin, de rose, de glyci-ne. À 5 h du matin, les oiseaux s’endonnent à cœur joie et il fait un peuplus frais. Outre les oreillers et lesduvets, la couette prévue la veille « aucas où » n’est pas un luxe pour som-brer à nouveau dans le sommeil.

Quelques heures plus tard, devantun café-croissant, c’est l’heure dubilan. La nuit a été très bonne, malgré

un matelas quasi à plat au réveil. « Ondort mieux qu’en intérieur, surtoutquand il fait tellement chaud, obser-ve Tania, adepte du camping-caraprès des années sous la toile.Depuis le confinement, on a toustrès envie de grand air. On a besoinde se rapprocher de la nature. Latente, c’est ça : la vie en extérieur etle réveil, le matin, dans le chant desoiseaux, l’odeur de la rosée et desplantes… C’est très agréable. »

Une toile étanche et solidement arri-mée, un matelas bien gonflé et nonpercé, un duvet, un oreiller, une lam-pe torche : rien de plus simple que dese procurer l’équipement de base.

Dormir sous la toile, même dansson jardin, procure une sensation devacances, voire de dépaysement,que l’on doive, ou pas, prendre le che-min du travail le lendemain. C’est aus-si une solution pour accueillir beau-coup de monde dans une maison quin’est pas extensible. Surtout en cettepériode de coronavirus et de distan-ciation à respecter.

Pascale LE GARREC.

Camper dans son jardin, une expérience à tenter. | PHOTO : LUCIE WEEGER, OUEST-FRANCE

Un défi près de chez soi. Envie de nature, pas possible de partir, maison de vacances saturée…Dormir sous la toile dans son jardin procure une vraie sensation d’évasion.

Je campe dans mon jardin ! Et pourquoi pas ?

France

Page 11: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

Entretien

Comment est venue cette idéede raconter la France des années1970 à partir d’un village imaginairede Vendée ?

François Beaune a été invité par laScène nationale de La Roche-sur-Yon, avec l’idée d’aller chercher la viedes gens au plus près, de la raconter.Il s’est appuyé sur des collectes detémoignages en lien les Associationsdes familles rurales (AFR). Ce travail apermis le jaillissement de la parole eta donné un livre qui est une fictionnée du réel (1).

Cette vie de Gérard en Occidentque vous jouez sur la scène duthéâtre de Belleville, c’est la Francequ’on ne sait plus voir ?

Qu’on ne sait plus voir. Ou qu’on neveut pas voir.

L’histoire d’un malentendu ?Gérard en Occident est un personna-ge de fiction. Il vit dans une communeimaginaire de Vendée, Saint-Jean-des-Oies. On attend une députée,Marianne, qui veut parler à de vraiesgens, et dont on sait très vite qu’ellene viendra pas.

C’est la voix des sans voix ?Gérard me fait penser au Peuple d’enbas, dont parle Jack London, quand ilplaque tout pour aller raconter lesravages du capitalisme dans l’EastEnd à Londres.

« Il faut voir comme on nous parle »,dit Alain Souchon dans l’unede ses chansons. Entre la Franced’en haut et la France d’en bas,la communication ne passe plus ?

Pendant la crise des Gilets jaunes, lajournaliste Ruth Elkrief a interviewésur BFM Xavier Mathieu, un anciendélégué CGT de l’usine Continentalde Clairoix devenu comédien. Et à unmoment, il lui dit : « Vous allez arrêterde me prendre de haut. Ne me mépri-sez pas en posant votre question. Neme délégitimez pas. » Et elle répond :« Je fais mon métier. » C’est ça que j’aivoulu raconter. On ne peut pas rédui-re les Gilets jaunes à des homopho-bes, des racistes et des nationalistes.C’est beaucoup plus complexe.

On l’a vu aussi avec EmmanuelMacron parlant des illettrés deGad, ces deux France n’arriventplus à se comprendre. Pourquoi ?

La députée, ça pourrait être Emma-nuel Macron. Même si elle venait, ellene comprendrait pas. « Les mots nesonnent plus pareil », dit Gérard à pro-pos du fils de son patron qui a pris ladirection de l’usine. Le père venait en2 CV au boulot. Son fils roule en Mer-cedes. Quelque chose s’est rompu.Tout se disloque. Il le dit : « L’innova-tion, on est allés la chercher en Chi-ne. »

Cette défiance du peuple face

que ses collègues sont venus pourprotester contre les licenciements.On voit la France dans ses contradic-tions. Dans le livre, son voisin lui dit :« Tes enfants sont partis. Pourquoi tune prends pas un immigré ? »

Qu’est-ce qui manque à cetteFrance dont vous parlezavec tendresse ?

De la reconnaissance sans doute, del’écoute. Aujourd’hui, partout dans lasociété, il y a trop d’entre-soi. Il n’y aplus ce maillage associatif qui a faitl’éducation populaire. Moi, j’ai eu lachance de grandir dans l’Ouest, avecune culture du catholicisme social.J’ai été formé au cinéma par descurés. Pour les ados aujourd’hui,c’est moins facile et l’éducation popu-laire n’est pas valorisée.

Accepter cette complexité résumeaussi votre itinéraire personnel ?

Un jour, je me suis affranchi politique-ment de mes parents. Je me suisconstruit contre. Quand j’ai mis le bul-letin pour François Mitterrand en1981, j’avais la trouille qu’une voiturem’écrase.

Et pourquoi donc ?Parce que Dieu est de droite. (Rires)Quand je raconte ça à des copains,ils me disent : « T’es dingue ! » J’aicôtoyé les deux mondes. J’ai fini parme dire qu’il ne fallait pas être si mani-chéen. Ma mère a fait à manger pourdes régiments de copains. Mon pèreavait des copains de gauche quiaimaient qu’il ne pense pas commeeux. J’avais divisé le monde entre lesbons et les méchants. Jusqu’aumoment où je me suis dit que ça nemarchait pas comme ça.

Vous êtes sur scène pour soixantedates à Paris (2). Pour beaucoupd’artistes, l’été 2020 a des alluresde catastrophe. Il faut se mobiliserpour la culture ?

Oui, c’est un été catastrophique. Heu-reusement, il y a eu beaucoupd’aides. Mais on ne sait pas où on va.C’est une période bizarre. Si j’avaisdes gamins de vingt-cinq balais inter-mittents, je serais très inquiet. Com-me avec les trains quand on les sup-prime, on se rend compte de l’impor-tance de la culture. Pas seulement enville mais aussi à la campagne. C’estinsensé le nombre de compagniesqui existent grâce au système desintermittents. C’est ce qui permet àdes compagnies de faire de l’ensei-gnement dans des petits patelins. Dedonner de la vie.

Propos recueillis parPatrice MOYON.

(1) Une vie de Gérard en Occident,François Beaune, Verticales, 288pages, 19,50 €.

(2) Jusqu’au dimanche 27 septembreau théâtre de Belleville à Paris.

aux élites, on la retrouve un peupartout. Où sont ses racines ?

Pour moi, ça commence dans lesannées 1970 quand Margaret That-cher met les mineurs anglais àgenoux. Quelque chose se rompt àce moment-là. Cette réalité-là, le ciné-aste anglais Ken Loach l’a très bienracontée. Mais au théâtre, depuisBertolt Brecht, on ne sait plus assezmontrer cette dimension sociale.

Le récit est cru avec une languecolorée loin du politiquementcorrect.

C’est une langue imagée. Je n’aijamais été un militant du patoismême si je pense en patois. Mesparents en avaient honte. Mais onl’oublie, certains de ces mots sont del’ancien français. C’est la langue deRabelais qui a vécu en Vendée.

On va jusqu’à pousser la portede l’abattoir. Une scène quia une résonance particulièrepour vous ?

Quand je bossais à l’abattoir, je pous-

sais les vaches dans le couloir. Vousavez 550 à 600 kg qui tombent. Et çava très vite. On découpe à la tronçon-neuse. C’était un vieil abattoir. Je mesouviens, à un moment, je reconnaisle meuglement d’une vache. Je metourne, c’était Souris. C’est comme çaque mon père l’avait appelée parcequ’elle était grise. J’avais aidé à sanaissance. Elle était devenue vieille etpapa l’envoyait au rebut.

Ce récit peut-il encore avoirun écho dans cette Francecontemporaine ?

Mais cette histoire ne raconte pasque des petites villes et la mémoireouvrière. C’est celle de toute la Fran-ce, y compris des banlieues dont onpense qu’il faut un langage pour leurparler.

C’est la France dans toutesses contradictions ?

Gérard n’est jamais politiquementcorrect. Il peut être lâche. Commelorsqu’il se dérobe pour ne pas êtresur la photo de Ouest-France alors

Gérard Potier sur la scène du théâtre de Belleville à Paris.| PHOTO : YANN CASTANIER, OUEST FRANCE

Gérard Potier redonne une voix aux sans voixDans un spectacle tendre, le comédien Gérard Potier nous plonge dans la France des années 1970à aujourd’hui. Et si on prenait le temps de s’écouter. De sortir de l’entre-soi.

France

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Vacances dans les années 1970 : «Nos vies. L’été à la campagne, Claire n’a connu que ça jusqu’à ses 15 ans. Durant unmois chaque été, la grande maison de famille se transformait en terrain de jeux idéal.

Claire colle son visage à la fenêtre dela voiture. De l’autre côté, son frèrel’imite. Chacun scrute les paysages àla recherche d’un indice. Une petiteroute familière, une entrée de villageconnue, un mur de pierre longé par lepassé.

« Alors, qui reconnaît ? » deman-dent les parents de Claire. « Ça yest ! » s’exclament les enfants à l’arriè-re. Claire, 7 ans en 1970, 57 aujour-d’hui, se souvient : « On était attentifsà chaque panneau, on cherchait leschangements par rapport à l’annéedernière… L’arrivée sur les lieux,c’était un vrai bonheur. » Commechaque été, la famille a pris la routedu Poitou pour tout le mois de juillet.Direction un des hameaux d’unecommune nommée Quinçay, àl’ouest de Poitiers.

Le trajet a été long en 206 depuisParis. « Au moins six heures à l’épo-que ! Il y avait forcément un arrêtpique-nique et les supérettesd’autoroute n’existaient pas encore,donc on sortait de la route principa-le pour trouver un endroit sympa oùmanger nos sandwichs maison, nosœufs durs et nos tomates, raconteClaire. Mon père conduisait, mamère faisait le navigateur avec lescartes routières et ça donnait tou-jours droit à : « Mais tu n’as pas tour-né au bon endroit ! ou « Je t’avais ditque c’était à gauche » », plaisantecette ingénieure toulousaine, mèrede quatre enfants.

Collines, bois, rivière,dépaysement total

Dans le Poitou, Claire et son frère vontretrouver deux cousins de leur âge, etsurtout, leur grand-mère maternelledans la grande maison de campagnequi va les accueillir. Pendant la Secon-de Guerre mondiale, alors que sonmari militaire est mobilisé, c’est iciqu’elle se réfugie, dans sa belle-fa-mille, avec ses deux jeunes enfants.« Elle partait le matin à vélo poursillonner le pays à la recherche denourriture, rapporte sa petite-fille. Àla fin de la guerre, elle avait créé desliens très forts avec sa belle-famille

et avec la région. »C’est ainsi qu’elle et son mari font

l’acquisition d’une petite maison augrand jardin et d’une grange qu’ilsréaménagent en habitation. « Il y avaitquatre chambres en haut, où on étaitun peu empilés, avec, pour lesenfants, une chambre de filles et unechambre de garçons. Comme j’étaisla seule fille, j’avais toujours la mien-ne, se souvient Claire. Et au rez-de-chaussée, deux grands espacescommuns, dont une salle à mangeroccupée par une table immenseautour de laquelle on se retrouvait lesoir. »

« On vivait des aventures »

Pour Claire et son frère, qui grandis-sent dans le 17e arrondissement pari-sien, le dépaysement est total. « Notrejardin, c’était le parc Monceau. Dansle Poitou, on avait cet immense ter-rain en pente, une rivière, les colli-nes, les bois… Le paysage était fabu-leux. »

Après avoir emmené la famille àbon port, le père de Claire rentre tra-vailler à Paris et les rejoint quand il lepeut, le week-end notamment. C’estla mère et la grand-mère de l’enfantqui gèrent toute la tribu. « Ça se pas-sait surtout sous la houlette plutôtautoritaire de ma grand-mère ! préci-se Claire. Elle régissait tout ce mon-de avec des règles, elle organisaitles journées, les repas, les plan-nings… Mais elle était aussi trèscool. Souvent elle nous disait « Vous

nous laissez entre adultes et vousfaites ce que vous voulez ! » Il fallaitêtre là à telle heure pour manger oufaire des courses, mais on avaiténormément de liberté… »

Une liberté largement mise à profitpar les enfants. « On avait des activi-tés traditionnelles obligatoires desvacances : dès qu’on arrivait, oncommençait la construction de lacabane pour avoir notre endroit ànous. » Le jardin se fait alors terrain dejeux, la rivière, son annexe, le noyer,repaire d’observation. « On se racon-

tait des tas d’histoires, on vivait desaventures, des histoires de cow-boys et d’Indiens ou d’agentssecrets… Parfois c’était Le Club descinq et on allait explorer tel ou telcoin pour mener l’enquête ou trou-ver des méchants… »

Navigation de coquillesde noix

L’autre partie du temps se passe surles rives et dans les gués de l’Auxan-ce, la rivière qui coule à travers le villa-ge, les fesses sur les galets. « Onpataugeait en maillot et sandales enplastique dans 20 cm d’eau, on des-cendait et on remontait le courant,on collectionnait les cailloux, onconstruisait des barrages ou on fai-sait naviguer des feuilles mortes etdes coquilles de noix… » Des souve-nirs très émouvants pour Claire, donttoute la famille a appris à nager danscette rivière, dans les bras du grand-père médecin.

De retour à la maison, trempés etgrelottants, ils n’ont qu’une hâte : pas-ser à table. Des instants « conviviaux,avec de temps en temps quelqueséclats de voix entre ma mère et magrand-mère… mais c’était quandmême de bons moments, ces gran-des tablées avec tout le monde oùon se régalait de tomates farcies, deratatouille, de clafoutis maison… Ma

Claire, son frère et ses cousins ont appris à nager dans les bras de leur grand-père, dans la ri

La maison de vacances de Claire, au début des années 1950, peu après son achat. | PHOTO : DR

La rivière dans laquelle Claire passaitdes heures à construire des barrages.

| PHOTO : DR

France

Page 13: Ouest France Dimanche - 19-07-2020

On jouait au Club des cinq »

grand-mère faisait parler lesenfants, elle avait de grandes con-versations avec nous, je trouvais çatrès chouette ».

Le crémier qui « corne »

Il n’y a aucun commerce dans lehameau, mais tous les jours, le bou-langer fait sa tournée en camionnette.Une ou deux fois par semaine, c’estau tour du crémier, du boucher, dupoissonnier de s’installer sur une peti-te place, au croisement stratégiqueentre plusieurs maisons. « Notregrand-mère nous disait : « Ah on estmercredi, le crémier va passer, fai-tes attention ! », alors on courait aubout de l’allée pour le voir arriver oul’entendre « corner » comme elledisait, et on allait chercher de la crè-me ou du lait, son porte-monnaie àla main. » Dans le bourg, chaque voi-sin se connaît et fait les courses pourl’un ou pour l’autre. Les commer-çants, eux, font une note à la semai-ne. « Tout ça s’est arrêté il y a trèslongtemps… », regrette Claire.

Costumes militaires et robesd’une autre époque

Les années passent, Claire et son frè-re grandissent, accueillent un petit frè-re et une petite sœur « de 11 et 13 ansplus jeunes », et continuent d’allerdans le Poitou où plusieurs généra-tions se croisent, où les activités évo-

luent. Les malles contenant les costu-mes militaires du grand-père et lesrobes « d’une autre époque » de lagrand-mère sont des trésors dans les-quelles les enfants adorent farfouiller.« Tous les ans, on organisait unspectacle. Quand on était petits, onfaisait un défilé de déguisements.Mais en grandissant, on préparaitde vraies pièces de théâtre mises enscène, avec entrées, sorties, rideau,les trois coups… »Dans l’assistance parfois, il n’y a « pasgrand monde », plaisante Claire.« Soit c’était pour les plus petits, soit

pour les parents qui venaient cher-cher nos cousins, soit il n’y avait quema grand-mère et c’était un trèsgrand public ! »

Comtesse de Ségur, Tintinet Jules Verne

Les jours de pluie, tout le monde sereplie dans la salle de jeux « où magrand-mère n’aimait pas trop qu’onmette le bazar » pour y échafauderdes châteaux de cartes, faire des cra-pettes, des réussites ou jouer auxdominos… Mais pour Claire, les nua-ges noirs sont surtout une parfaite

rivière qui traverse le village de leur maison de famille. | PHOTO : EMMA FAILLE, OUEST-FRANCE

La vue sur la vallée de l'Auxance depuis la maison de Claire. | PHOTO : DR

excuse pour s’enfermer dans sachambre et dévorer un bouquin. « J’aipassé des heures à lire dans cettemaison, confirme-t-elle. Ma grand-mère avait la collection complètedes Comtesse de Ségur, des JulesVerne et tous les albums de Tintin…Chaque année, je reprenais où j’enétais restée. »

Certains étés, on invite les corres-pondants anglais à découvrir la cam-pagne française. Claire se souvientainsi de vacances où elle apprend àdanser le rock’n’roll sur Crocodilerock d’Elton John, avec eux et sescousins, entre les murs de la maisonfamiliale du Poitou.

Un parfum d’enfance

Tous les étés se composent ainsi, àpeu près jusqu’aux 15 ans de Claire.« Là, j’ai commencé à faire descolos, à aller en Angleterre, à faired’autres choses de mes vacances. »Mais les générations se succèdent, lamaison ne se vide jamais tout à fait.« On y a organisé un rassemblementde cousins il y a quelques années,raconte Claire. Une centaine estvenue, ils ne se connaissaient pastous, mais tous avaient des souve-nirs dans ce jardin, dans cette mai-son. »

Enfant, Claire n’a pas forcémentconscience de la richesse de sesvacances. « J’enviais les copains etles copines qui allaient au bord de lamer, je trouvais que les vacances àla campagne c’était un peu bas degamme… Après coup, je me suisrendu compte que c’était le contrai-re. Avoir une telle maison de familleet pouvoir partager, adulte, des sou-venirs d’enfance qui sont les mêmesavec ses parents, ses tantes et sesenfants, c’est incroyable… »

Une mémoire familiale qu’ellecompte bien entretenir. Désormaisjeune grand-mère, elle a conservé« dans son jus » cette maison qu’elleaime tant. « La porte qui grince,l’odeur, la vue », tout y a le parfum del’enfance. Les collections de livresanciens sont toujours là, tout commele grand évier carré de la cuisine oùClaire et ses enfants ont pris leur bain.« Y aller, c’est un ressourcementfabuleux… »

Mélissa BOUFIGI.

Dans cette maison, Claire ad'innombrables souvenirs d'enfance.

| PHOTO : DR

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Mer belle

Mer peu agitée

Mer peu agitée

Mer peu agitée

Mer belle

Soleil chaud et des entrées maritimesCe dimanche 19 juillet, il fait chaud à très chaud avec un maxima à 31° du Maine à l'Anjou.En bord de Manche, la douceur atteint 20° au mieux sous la grisaille.

Une perturbation en Manchedonne beaucoup de nuagesbas de la Bretagne à laNormandie. Les littoraux duLéon, du Trégor et du Cotentinrestent couverts et arrosés pardes petites pluies fines oucrachins. Sur les Pays de laLoire, le ciel est bleu. Lescumulus y sont rares et le soleilchauffe pleinement. Le ventmarin est faible, de nord un peufrais.

201ème jour - 29ème semaine

Saint Arsène :Mort vers 412. Ermite. Il croit audanger que représentent parfoisles femmespour les serviteursdeDieu.

Prénoms à fêter cette semaine :Lundi MarinaMardi VictorMercredi Marie-MadeleineJeudi BrigitteVendredi ChristineSamedi Jacques le Majeur

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Soleil chaud.Rares nuages.Vent de nord-est.

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Ensoleillé etplus chaud.

Chaleur etsoleil.

Nuages plusnombreux.Ondées etchaleur.

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Dimanche 19 juillet

11h15 23h30 06h10 18h3311h21 23h34 06h05 18h2509h34 21h46 03h54 16h1007h53 20h10 02h29 14h5107h44 20h00 02h08 14h2907h39 19h55 01h41 14h0206h40 18h55 00h42 13h0105h34 17h52 11h49 -05h17 17h31 11h22 23h5205h17 17h28 11h21 23h5205h40 17h53 11h39 -05h16 17h25 11h25 23h5605h12 17h20 11h33 -05h17 17h30 11h13 23h4474 78

Lundi 20 juillet

6h37 +1 mn

22h10 -1 mn

Nouv. lune20 juillet

Lundi Mardi

Mercrediet jeudi

Vendrediet samedi